Un peu d’histoire sur Notre-Dame de Paris

Un peu d’histoire sur Notre-Dame de Paris

Notre Dame de Paris ou les grandes dates de l’Histoire

Elle est vieille cette dame avec ses 856 ans ! Tant de choses vues et vécues dans ses murs. Tant de personnes qui ont foulé son parvis et son dallage. À elle seule, elle est capable de nous raconter notre Histoire. Les cathédrales sont avant-tout au Moyen-Âge un instrument de pouvoir, et plus particulièrement l’objet du pouvoir royal.
Notre-Dame n’est pas comme la Tour Eiffel, le symbole de Paris, non,  elle représente à elle seule, le symbole de la France et de son Histoire. Voilà pourquoi, il n’y a pas que les parisiens qui ont été émus par cet effroyable incendie du 15 avril 2019.

Une histoire pour l’Histoire

On est en 1163 quand on pose sa première pierre de Notre Dame de Paris. Mais on ne la pose pas n’importe où et elle n’est pas posée par n’importe qui !

Louis VII est le souverain et il confie la mission à l’évêque de Sully de bâtir une cathédrale.
C’est le Pape Alexandre III qui pose la première pierre.

On la pose sur l’île de la Cité, berceau de notre civilisation gallo-romaine, quand Paris à cette époque s’appelait encore Lutèce. Oui, pas n’importe où. À l’endroit même, où il y avait déjà des lieux de culte. Maurice de Sully, alors évêque, fait percer la rue Neuve, que l’on peut encore apercevoir, au sol, par le dessin des dallages sur le parvis, pour construire l’actuelle cathédrale. Il est loin de s’imaginer que les travaux vont prendre près de deux siècles !
Les ouvriers se succèdent et la majeur partie d’entre eux ne voient pas la fin des travaux.

À cette époque, l’île de la Cité compte 3000 habitants et les ruelles sont très étroites. On peut encore voir quelques vestiges, dans la crypte archéologique de Notre-Dame, située sous le parvis. La contenance de Notre-Dame doit accueillir plus de 6000 personnes ! Soit deux fois plus que la population. On est visionnaire !

Du grandiose et du moderne !

Mais comme l’évêque de Sully veut quelque chose d’exceptionnel et de grandiose, il fait appel à de nouveaux bâtisseurs. Le style roman n’est plus d’actualité, on le trouve trop « antique ». On décide d’innover et de créer le style gothique. Et oui…exit le style roman, avec de jolis arrondis, on veut des arcs boutants et des arcs brisés. On veut du moderne ! On veut surtout de la lumière !
D’abord son style…il est gothique ! Oh, pas le gothique qu’on connaît aujourd’hui pour certains de nos jeunes mais gothique dans le sens barbare ! Comme tout nouveau mouvement architectural, il déclenche polémiques et mécontentements.

Faites entrer la lumière !

Pour faire entrer la lumière il faut un édifice en hauteur. On veut le voir s’élever à 33 mètres de haut. 33…comme l’âge du Christ.
On construit alors des arcs boutants en extérieur, qui serviront à répartir le poids de la toiture et des murs sur les piliers de la cathédrale, et des voûtes sur croisées d’ogives à l’intérieur.
Pour un tel chantier, il faut imaginer de nouveaux treuils et des poulies que nous avons déjà. En revanche, ce qui n’était pas encore utilisé en France, est une invention venue de Chine, quelques siècles plus tôt, et que l’on met à l’essai : la brouette !
Les matériaux sont ainsi plus vite et plus facilement transportés.

Pourquoi le nom de Notre-Dame ?

Nombreux sont les cultes voués au Christ. Mais celui-ci, on le veut pour la vierge Marie, mère de l’enfant Jésus.
On veut qu’il ressemble à nul autre pareil et assemble les symboles religieux du catholicisme.
On construit un transept pour rappeler la symbolique de la croix latine. Cela permet l’espace et la hauteur. Les rosaces symbolisant le côté féminin font entrer la lumière.

Jumelles les tours ?

Deux tours sont érigées. Elles ne sont pas identiques et c’est voulu ! La tour de gauche est plus large que celle de droite. Les architectes de l’époque expliquent cela par le fait que seule l’oeuvre de Dieu est parfaite. Ces deux tours, forment à elles deux, une sorte d’échelle montant vers le ciel, c’est à dire vers le Très Haut. Elles voient leur apparition vers 1245, soit près d’un siècle après la pose de la première pierre.

Merci qui, merci Saint-Louis !

En 1239, Saint-Louis voit en ce monument, un chef d’oeuvre cultuel et culturel pour les siècles à venir. C’est vêtu d’une simple tunique et les pieds nus, qu’il apporte à Notre-Dame la couronne du Christ, achetée un prix colossal à son cousin l’Empereur de Bizance, Baudoin II. Pour les autres reliques, il  fait construire la Sainte-Chapelle. En 1270, à sa mort, alors que la cathédrale n’est pas encore terminée, son corps est présenté à Notre-Dame et aux parisiens, avant de rejoindre la demeure éternelle des rois de France, à Saint-Denis.

Les impôts de Philippe Le Bel

C’est en 1302 à Notre-Dame que Philippe Le bel organise les états généraux, pour asseoir la légitimité du roi de France à collecter des impôts auprès du clergé français, qui pensait ne rien devoir à personne à part, peut-être, à Rome !

Jeanne d’Arc : Du bûcher à la réhabilitation

Voilà, Notre-Dame a plus d’un siècle, quand en 1455, 24 ans après sa mort, brûlée vive à Rouen, le roi  Charles VII ordonne une réhabilitation du procès de Jeanne d’Arc. Même le Pape Callixte III ordonne la révision de son procès. La séance d’ouverture, se fait à Notre-Dame !

 

Vive les mariés !

Les guerres de religions font rage, et Catherine de Médicis, décide pour apaiser les fortes tensions dans le royaume de marier sa fille, catholique, Marguerite à Henri de Navarre, futur Henri IV. Mais comme il est protestant, le Pape ne veut pas qu’il entre dans la cathédrale, il reçoit donc la bénédiction sur le parvis. Bon, l’effet escompté n’a pas vraiment eu lieu, puisque quelques jours tard, on assiste au massacre de la Saint-Barthélémy.

Louis XIII et Marie, une grande histoire !

En 1645, Louis XIII qui voue une passion à Marie et à son royaume, est persuadé que c’est grâce à elle, si sa femme, Anne d’Autriche, est enceinte. Pour remercier la vierge Marie, il décide de faire élever un nouveau maître-autel à Notre-Dame, et instaure le 15 août, fête Sainte célébrant la Vierge Marie.

Louis XIV répond au vœu de son père

Selon les volontés de son père, Louis XIV fait ériger la sculpture voulue, baptisée la piéta. Elle représente la vierge Marie recevant épleurée, le corps du Christ, descendu de la croix. Elle est entourée de Louis XIII qui lui offre son royaume et de Louis XIV en pleine prière. Il n’allait pas s’oublier le garçon !

 

 

Les révolutionnaires passent par Notre-Dame !

Mais que leur passent-ils par la tête ?!
Non contents de voir la monarchie définitivement destituée, ils s’en prennent à tous les symboles royalistes. Le clergé n’étant pas encore séparé de l’Etat, ils voient dans la galerie des rois, située sur la façade de Notre-Dame, un vrai signe de monarchie. Vrai ou faux ?

Et bien faux !!! Cette galerie des rois, représente en fait les rois de Judée, les ancêtres de Marie et de Jésus. Mais peu leur importe, ils les décapitent ! Et vont même jusqu’à détruire la flèche. Pas celle qui vient de brûler, mais la première. On vous raconte plus tard…
Après de nombreuses dégradations, la cathédrale est laissée à l’abandon, et sert même d’entrepôt à vin ! On ne voit pas trop à l’époque, ce qu’on peut en faire. Reims a servi aux couronnement des rois, la couronne d’épine du Christ est à la Sainte-Chapelle, et les rois enterrés à Saint-Denis.

Napoléon ce sacré empereur !

C’était sans compter sur Napoléon Bonaparte qui souhaite par un symbole fort immortaliser son auto-couronnement, en conviant le Pape. Il fait entreprendre de grands travaux. Il va même jusqu’à agrandir les rues aux alentours pour faire passer le cortège. La cérémonie dure pas moins de cinq heures !
Mais plus tard, la cathédrale sera laissée à l’abandon. On parle même de la détruire !

Victor Hugo au secours de Notre-Dame…Victor Hugo au secours de Notre-Dame

Effaré par la dégradation du lieu, Victor Hugo en fait un plaidoyer en 1831 dans son roman éponyme « Notre-Dame de Paris », qu’il considère comme un « livre en pierre ». Les parisiens prennent alors conscience de ce monument et une campagne de restauration est engagée.

La flèche de Viollet-Le-Duc - Notre-Dame de ParisUn flèche ce Viollet-Le-Duc !

Prosper Mérimée (le même que la fameuse dictée pour les connaisseurs…) inspecteur général des monuments historiques, ordonne la rénovation de la cathédrale par Viollet-Le-Duc. Alors architecte très en vogue, surtout apprécié de Napoléon III, et d’autant plus de l’Impératrice Eugénie. Il lui redonne son allure médiévale et l’embellit même !
La flèche originale détruite par les révolutionnaires, est remplacée par une flèche qui ne fera plus office de clocher. Elle est surmontée d’un coq qui renferme 3 reliques. Une épine de la Sainte-Couronne, une relique de Saint-Denis, premier évêque des français et une relique de Sainte-Geneviève, la sainte-patronne des parisiens.

Le TE DEUM en 1918

Le 11 novembre 1918, l’armistice de la première guerre mondiale est ratifié. C’est à Notre-Dame que le 17 novembre 1918 qu’est entonné ce chant religieux chrétien pour remercier Dieu. Seul Georges Clemenceau, alors Président du Conseil y assiste car Raymond Poincaré a préféré respecter la séparation des pouvoirs entre l’Église et l’État.

Paris Libéré !

Le 24 août 1944, c’est le Général de Gaulle, qui après avoir arpenté les rues parisiennes se rend dans la cathédrale pour le TE DEUM.

Le Pape Jean-Paul II à Paris

C’est devant une foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes venues assister à la visite du Pape, qu’en 1980, Jean-Paul II fait son homélie sur le sujet de l’Amour des Hommes, au sein de la Cathédrale Notre-Dame de Paris.

Le 15 avril 2019, Notre-Dame de Paris brûle

Alors qu’elle a été épargné par le temps, les guerres et la démolition, un incendie s’est déclaré alors qu’une rénovation était en cours.

La cathédrale Notre-Dame en feu - avril 2019